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Des nouvelles du bord d’HBF – Reforest’Action, contraint à l’abandon
Publiée le : 18 novembre 2021
C’est dur. Cette transat ne nous a pas beaucoup souri depuis le début. On s’est fait piéger plusieurs fois et franchement, on était sur une bonne dynamique depuis deux jours. On avait enfin trouvé la manette des gaz et la route optimale par l’ouest. C’était pas mal, on avait bien recollé. Avec les conditions qu’il va y avoir pendant deux jours à l’approche du Cap-Vert, on pensait vraiment qu’on allait revenir dans le match. Cette avarie est tombée au pire des moments, juste quand on avait repris espoir de recoller le peloton. Et puis à un endroit où on n’a pas très envie de rebrousser chemin… au près… il va nous falloir 6 jours pour rejoindre Gibraltar.
On attaquait fort, on marchait vite, à 20 nœuds. On savait qu’il fallait garder ces conditions le plus longtemps possible et puis patatras. Le bout-dehors est vraiment une pièce maîtresse pour la suite du parcours. Autant ça ne nous empêche pas de faire du près, autant c’est mission impossible pour faire du portant. On a des bateaux qui aiment porter de la toile et sans ça, ce n’est pas possible de continuer. Ça aurait posé de toutes façons des problèmes d’avitaillement tôt ou tard, déjà qu’on était un peu ric-rac pour une transat normale. La décision a été très vite prise, alors qu’on était encore sur la plage avant en train de remettre de l’ordre sur les voiles.
En plus c’est vrai qu’il y avait du jeu. 45 bateaux sur la Transat Jacques Vabre, c’est du jamais vu ! On n’était pas au mieux, mais la route était encore longue. Surtout, ça faisait longtemps qu’on n’avait pas couru. On sort de deux ans un peu compliqués avec le Covid. On avait à cœur de faire une jolie transat, une jolie trajectoire sur l’Atlantique aussi, de raconter une belle histoire à tous nos partenaires qui nous ont soutenus, qui sont évidemment aussi déçus que nous. Mais la voile reste un sport mécanique. C’est vrai qu’on a beau préparer nos bateaux pendant des mois et des mois, faire tout ce qu’il faut pour que ça fonctionne, quand il y a une pièce qui lâche, c’est l’arrêt au stand.
Gwen : Pour moi ça fait partie de la course. Quand on a eu l’avarie, on était à 500 milles de l’île de Sal et les premiers ne l’avaient toujours pas franchie donc on était vraiment bien revenus à l’attaque des paquets de tête. Et on allait très vite. Ça faisait 2-3 pointages qu’on était dans les meilleures vitesses de la flotte.
On a trouvé quelques petites astuces entre nous, ça c’était super. Je pense que l’amitié joue beaucoup. Dans les moments difficiles aussi on sait que l’on peut compter l’un sur l’autre.
Il ne faut quand même pas que l’on perde de vue ce que l’on fait. Ce que je retiens, c’est le plaisir à renvoyer un ris, à renaviguer, même si on n’était plus en course. On a beaucoup de chance de pratiquer cette magnifique discipline qu’est la course au large. Il faut vraiment que l’on profite de ces moments-là parce que je suis vraiment conscient que ce sont des moments uniques. Il faut laisser passer le grain comme on a l’habitude d’en avoir de temps en temps en course et après on va reconstruire le bateau et le futur.