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Kito de Pavant et le Rhum, 44 ans de passion
La plus mythique des transatlantiques a toujours été un phare pour le skipper méditerranéen. Elle a suscité sa vocation lors de la 1ère édition à l’âge de 17 ans, a été un rêve inaccessible avant de devenir une réalité et un concentré d’émotion. À l’aube de sa 4e participation, Kito de Pavant revient sur le lien indéfectible qui l’unit à la Route du Rhum.
Ses premiers souvenirs de Rhum. « Lors de la 1ère édition, j’avais un copain plus âgé que moi, un mentor qui s’appelait Patrice Charret. Il préparait un bateau pour faire le Rhum mais lors de la qualification, il n’est jamais revenu. C’était quelqu’un qui avait beaucoup d’importance pour moi, qui naviguait en Finn… Ensuite, j’ai découvert le ‘Rhum’ avec les images à la télé, notamment l’arrivée incroyable de Mike Birch. Ça m’a donné envie de faire de la course au large mon métier. »
Son désir de ‘Rhum’. « J’ai donc eu envie d’y participer dès la 1ère édition mais j’ai dû attendre mes 50 ans pour enfin m’y inscrire ! Faire du bateau, participer à des courses, c’est une drogue dure, j’aurais du mal à m’en passer. C’est toujours très agréable de retrouver l’ambiance des grands événements, ce microcosme, ces gens qui ont les yeux qui brillent à propos de nos métiers. Sur l’eau, même s’il s’agit d’un monde difficile et cruel parfois, on prend toujours beaucoup de plaisir. Mais c’est difficile d’arriver à transmettre aux gens ce qui nous pousse à être à bord de ces bateaux improbables. »
« Les skippers étrangers nous envient »
Ses héros du Rhum. « Mike Birch a été quelqu’un qui m’a beaucoup inspiré. Il avait commencé la course au large sur le tard et faisait preuve de beaucoup d’humilité. Un autre skipper m’a inspiré : Philippe Poupon. Je prenais plaisir à régater avec lui en Figaro et j’étais fier de le battre de temps en temps. J’ai beaucoup apprécié le revoir sur la grande scène dimanche soir (lors de la présentation des skippers, NDRL). »
Son regard sur l’évolution de la course. « C’est quelque chose de complètement dingue qui s’est accéléré ces dernières années. À terre, on traverse de nombreuses crises, sanitaire, économique, géopolitique. Et dans le même temps, dans la course au large, on voit des bateaux toujours plus grands et innovants. C’est incroyable de voir les centaines de partenaires qui ont investi dans des projets Route du Rhum. Il y a beaucoup de skippers étrangers qui envient ce phénomène. Je pense qu’il y a des personnages qui ont rendu ça possible : Philippe Poupon, Florence Arthaud, Jean Le Cam… Et ça continue à inspirer. »
Les souvenirs de ses trois ‘Rhum’. « Il y a de la fierté d’avoir réalisé ce rêve d’être au départ de cette course-là. Et comme tout compétiteur, il y a un peu de frustration de ne pas avoir fait mieux. Lors de ma 1ère participation, j’étais dans les trois premiers avant que ma quille ne cède. Pour la seconde, le projet s’était concrétisé tardivement mais je suis parvenu à être sur le podium (3e). Enfin, en 2018, je termine 5e et c’était une belle fête. »
« Ça n’empêche pas d’être serein »
La météo attendue au départ. « On revient à une météo de saison ici ! Des dépressions vont passer toute la semaine, il y aura pas mal de vent et de pluie. Pour le départ dimanche, ça s’annonce très humide avec du vent fort. Ce sont des conditions pas faciles pour les organisateurs mais ça ne me dérange pas que ce soit musclé ! »
Ses derniers jours avant le départ. « Le public est de plus en plus nombreux, tout comme les journalistes et les sollicitations. Beaucoup de partenaires sont venus nous voir la première semaine et d’autres vont arriver. Sur le bateau, on commence à être à jour. Il y a des choix stratégiques à faire sur les voiles qu’on prendra jeudi prochain. Nous avons des journées bien remplies mais bien organisées et ça n’empêche pas d’être serein ! »
Photo : Arnaud Pilpré #RDR2022