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Kito : « on a passé le plus dur »
Même si rien n’a été facile, surtout avec les conditions particulièrement éprouvantes des derniers jours, le skipper occitan a tenu bon. Actuellement 15e de la flotte des Class40, HBF - Reforest’Action pointe à la latitude de San Miguel aux Açores. Bien déterminé à toucher les alizés, ces vents portants qui le mèneront jusqu’aux Antilles, Kito de Pavant est attendu dans une dizaine de jours en Guadeloupe.
La flotte de la Route du Rhum – Destination Guadeloupe s’étire sur quasiment tout l’Atlantique. Les Class40 sont menés par un trio (Yoann Richomme, Xavier Macaire et Corentin Douguet) à l’abord de l’archipel des Açores. Chez les Ultimes, les plus grands et rapides des multicoques, les premières arrivées sont prévues dès ce mercredi avec une bataille à distance entre trois skippers, Charles Caudrelier, François Gabart et Thomas Coville, dont l’issue s’annonce épique. Entre les deux évoluent les IMOCA, menés de loin par Charlie Dalin, et les Ocean Fifty avec Quentin Vlamynck bien installé en tête. Plus à l’est, les Rhum Mono et Multi.
Il a fallu une sacrée patience et une bonne dose de sang-froid, surtout, pour résister à tout. Rien n’a été épargné aux skippers de cette 12e édition de la Route du Rhum, qui plus est en Class40. La classe a payé un lourd tribut de l’enchainement de fronts tout au long du week-end et de ce début de semaine. On dénombre 15 abandons sur les 55 Class40 engagés et des problèmes techniques en pagaille.
« Ça cognait très fort »
Kito de Pavant n’a pas été épargné non plus avec la rupture de l’amure du J2 (voile d’avant), des soucis de bastaque et une cloison fissurée. « On a un peu ramassé ces derniers jours », reconnaissait, d'une voix enjouée, le skipper contacté ce matin lors des vacations. « Hier soir le bateau faisait encore des bonds dans les vagues de sud-ouest ». Certes, il a l’expérience du large et de la Route du Rhum (4e participation). Mais le Méditerranéen assure que si les conditions de vent étaient relativement maniables « 40 nœuds mais pas plus », c’est surtout l’état de la mer qui a causé autant de soucis sur les bateaux : « ça cognait très fort, sur une mer croisée, déchaînée. Je n’ai pas vu l’once d’un moment de plaisir depuis le départ à part le départ lui-même qui était sympa, notamment le passage au cap Fréhel. Mais ça va arriver ! ».
Surtout, c’est l’accumulation qui pèse sur l’organisme. « Cette première semaine de course n’a vraiment pas été drôle » assure Kito. Le marin s’est peu alimenté, « je grignote parce que faire un plat chaud était mission impossible tellement ça volait sur le bateau », mais a pu dormir un peu, « il y a un tel vacarme… heureusement j’avais acheté des boules quies juste avant de partir ».
En attendant les alizés
Il n’empêche, Kito est bien là, à progresser coûte que coûte au sein du peloton des skippers Class40. Ce mardi après-midi, il était ainsi 15e, progressant à la même latitude que les leaders, à 160 milles plus à l’est. Comme une première récompense, HBF - Reforest’Action a dépassé l’île de Sao Miguel au cœur de l’archipel des Açores et les conditions sont devenues plus clémentes : « là ça glisse, on est toujours au près débridé mais la mer n’a rien à voir. J’ai même pu faire sécher le bateau…». Surtout, il y a une perspective réjouissante : les alizés, ces vents tant attendus qui permettent de filer vers l’ouest, sont pour bientôt. « On devrait enfin les toucher d’ici deux jours. Le vent devrait tourner au nord-est. Peut-être qu’on pourra (enfin) envoyer les spis, parce que jusqu’à présent on se demande à quoi ils servent ! »
À regarder les fichiers météo et la route qu’il reste à parcourir (2400 milles, 4400 km), Kito pense « qu’à priori, la flotte a passé le plus dur ». Bientôt, il pourra donc bénéficier des alizés et profiter du mercure qui augmente, du soleil qui brunit la peau et des surfs vers les Antilles. Et dans une dizaine de jours, à l’heure de revenir sur le chaos vécu au cœur de l’Atlantique, il y aura la conviction d’avoir tenu bon. Avec sagesse, Kito aime répéter « qu’on prend du plaisir une fois qu’on est arrivé en Guadeloupe, à refaire le fil dans l’autre sens. On y trouvera même des moments de plaisir dans ces 5-6 jours qui viennent de passer ». Au large aussi, la résistance et l’abnégation finissent toujours par être récompensés.